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LES VOYAGES

passionnés, écrivoit-il avec une peine extrême, retouchant et corrigeant sans cesse ses périodes, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même. La fiction est froide de sa nature ; c’est le marbre de Pygmalion qu’un souffle divin peut seul animer. Comparez aux pages brûlantes de la Nouvelle Héloïse, ou bien aux vers de Phedre, les romans de ces femmes qui ont prétendu faire une peinture vive de l’amour qu’elles se vantent pourtant de sentir mieux que nous ; quelle sécheresse de cœur, quelle fausse sensibilité, quelle exagération de sentiments ! et si au milieu de tout ce fracas vous apercevez quelques lueurs, elles ressemblent à ces feux d’artifice qui brillent, mais qui ne brûlent pas. On ne sauroit citer qu’un seul ouvrage de femme qui porte l’empreinte de la passion ; c’est l’ode si connue et si courte de