Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/18

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ecclésiastiques, les évêques de Constance et d’Augsbourg, l’abbé de Kempten et le prieur d’Ellwangen ; quatorze princes séculiers dont les plus considérables étaient le margrave de Bade, le duc de Wurtemberg, les princes de Hohenzollern, Fürstemberg et Œttingen, vingt-trois prélats, vingt-cinq membres du banc des seigneurs ; enfin les magistrats de trente et une villes impériales, les unes importantes, comme Augsbourg el Ulm, les autres minuscules, comme Bopfingen qui avait 1600 habitants, et Buchau, qui en avait 1000. Tout au travers du cercle, souvent sans lien entre elles, s’étendaient des possessions autrichiennes : Fribourg en Brisgau et quantité d’enclaves grandes et petites dans la partie méridionale du Wurtemberg et de la Bavière actuels.

Outre les cinquante et une villes libres, qui n’avaient que peu ou point de territoire hors de leurs murs, l’Allemagne comptait plus de quatre-vingts territoires indépendants n’ayant que 12 milles carrés de superficie et, parmi ceux-là, à peu près trente qui ne dépassaient point 8 milles carrés. Chacun de ces petits princes était maître absolu, en fait, sinon en droit, dans ses États. Il pouvait lever des impôts à sa guise, établir des douanes, arrêter l’exportation ou l’importation des marchandises, user ou abuser du droit de battre monnaie, et ruiner ses sujets en essayant d’appauvrir ses voisins. En cas de conflit, le recours à l’Empereur était de peu d’utilité. Il était difficile d’obtenir une sentence, plus difficile encore de la faire exécuter. La justice du Saint-Empire valait son armée, et son armée valait ses finances. Le revenu total de l’Empereur se