Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/23

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l’influence dominante et presque tyrannique de voisins plus riches et plus cultivés, rien ne lui a échappé. À tous ces maux il a cherché et proposé des remèdes. L’échec complet de ses efforts, l’indifférence passive à laquelle se sont heurtées ses exhortations les plus pressantes peuvent servir à mettre en pleine lumière les dispositions de ses contemporains.

L’œuvre de Leibniz est tout un monde, et cette partie en est peut-être la moins explorée. On est accoutumé à voir surtout en lui le métaphysicien des Nouveaux Essais, de la Théodicée et de la Monadologie : et de fait, sur la masse considérable de ses écrits, qui n’ont paru que peu à peu et dont beaucoup sont encore manuscrits, les éditeurs ont choisi de préférence les œuvres scientifiques et philosophiques. Il a fallu attendre la belle édition entreprise par M. Onno Klopp, avec le secours du roi de Hanovre[1], pour se faire une idée de l’activité politique de Leibniz. Ce qui en a paru autorise amplement M. Onno Klopp à dire que Dutens, dans sa grande édition du siècle dernier, avait rendu justice à Leibniz philosophe, mais avait fait tort à Leibniz patriote. L’insuccès même de ses efforts a contribué naturellement à les laisser dans l’ombre. On ne connaissait bien que le projet d’expédition en Égypte soumis par lui aux ministres de Louis XIV, un peu avant la guerre de Hollande, et qui ne fut point accepté. En Allemagne même il ne parvenait guère à se faire écouter. À différentes reprises, il chercha, mais en vain, à entrer au

  1. Die Werke von Leibniz. Erste Reihe : Inslorisrh-politische und staatswissenschaftliche Schriflen. Hannover, 1864 et années suivantes.