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garder les droits de l’Empire[1]. Il désapprouve en général les traités par lesquels l’Empire consent à une cession de territoire, le traité de Ryswick par exemple, qui abandonne à la France Strasbourg et les territoires annexés par les Chambres de réunion : mais il supplie qu’on insère au moins dans le traité une clausula recuperatoria qui permette de les revendiquer en cas d’infraction au traité[2]. Il revient sur ce point avec insistance[3]. Il écrit à M. de Greiffencrantz au sujet des « anciens droits de l’Empire sur la Lorraine, l’Alsace, la Bourgogne, le Dauphiné, la Provence et en Italie[4] ». Il cite l’exemple des Français qui ne négligent rien. « Vienne montre trop d’indifférence pour ces travaux historiques qui ne sont pas sans portée politique[5]. »

La pensée de Leibniz devient ainsi fort claire : ce n’est pas la piété désintéressée du souvenir qui l’attache à l’ancienne conception de l’Empire, c’est l’intérêt de l’Allemagne à ne pas laisser périmer des droits qu’elle ne saurait présentement faire valoir, mais qu’un jour peut-être elle pourra revendiquer.

La sollicitude de Leibniz est infatigable. Depuis son premier mémoire sur la succession de Pologne, écrit en 1667, où il s’efforce déjà de démontrer que la Russie serait pour l’Allemagne un voisin dangereux, — jusqu’au moment de sa mort, pas un événement tant soit peu important ne s’accomplit ou

  1. Klopp, VI, 447.
  2. Klopp, VI, 161.
  3. Klopp, 456 sqq.
  4. Klopp, VI, 448.
  5. Klopp, VI, 162-70.