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Page:Lévy-Bruhl - L’Allemagne depuis Leibniz, 1907.djvu/28

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pour sa postérité. Il faut agir immédiatement, quoique avec discrétion. Aussitôt que Guillaume III est mort, Leibniz revient à la charge. Selon lui, l’intérêt de l’Angleterre exige que la reine Anne donne des marques certaines que l’électeur de Brunswick est son successeur désigné, en saisissant franchement le Parlement de la question[1]. Puis c’est au futur roi d’Angleterre que Leibniz écrit, à l’électeur Georges-Louis, beau-frère du roi de Prusse[2]. Il lui recommande l’union et la concorde, il l’adjure de ne pas se quereller avec Berlin, au nom du danger commun, qui vient de la maison de Bourbon, déjà maîtresse de la France et de l’Espagne. À mesure que le moment de la succession s’approche, Leibniz est plus inquiet. En 1713, nouveau mémoire[3], adressé cette fois à l’empereur Charles VI. « L’intérêt commun de l’Empire, de la Prusse et de la Hollande est d’empêcher que la France ne fasse succéder Jacques III à la reine Anne. » L’Empereur doit y songer et entamer des négociations à cette fin : « Vous ne sauriez presque avoir la succession de Hanovre plus à cœur que moi-même, disait Leibniz à la princesse Caroline, car je la considère comme l’unique moyen de sauver la religion réformée et la liberté publique[4]. »

Si cet exemple du zèle de Leibniz pour les intérêts de l’Allemagne ne suffisait point, on en pourrait citer vingt autres. Il proteste énergiquement contre les traités désastreux que l’Empire signe

  1. Klopp, IX, 61-66.
  2. Klopp, IX, 127-142.
  3. Klopp, IX, 403.
  4. Klopp, IX, 404.