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Page:Lévy-Bruhl - Revue philosophique de la France et de l’étranger, 112.djvu/411

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A. KOYRÉ. – note sur la langue et la terminologie hégéliennes

ficielle et abstraite, d’user d’une terminologie arbitraires l’auraient indigné Hegel, en effet, avait conscience de n’avoir jamais rien fait de tel ; il avait la prétention, curieuse, mais réelle, de réagir contre l’abus de la terminologie abstraite ; il estimait même que la philosophie n’en avait pas besoin.

En effet, dès 1806, jeune professeur à l’Université de Jena, mettant ses auditeurs en garde contre cette manie — qui sévissait à Jena — d’employer des mots « philosophiques » et « abstraits pour désigner des choses fort simples (ou encore, pour, en se donnant une apparence de « profondeur », ne rien désigner du tout), Hegel annonce à ses auditeurs que « dans le système philosophique qu’il enseigne, lui, on ne trouvera pas trace de ce flot de formules^^1. Ne peut-on pas tout dire simplement ? Et les mots de la langue courante ne sont-ils pas assez profonds ? Être, Non-être, Un, Multiple, Propriété, Dimension… ces concepts « présents » suffisent à la philosophie. D’ailleurs il appartient à la civilisation d’un peuple de pouvoir tout dire dans sa langue^^2.

Vingt-cinq ans plus tard, auteur célèbre de la Phénoménologie de l’Esprit, de la Logique et de la Philosophie du Droit, philosophe certainement le plus en vue de l’Allemagne, Hegel renouvelle ses

1. Rosenkranz, Das Leben Hegels, p. 554 : « Ich sage Ihnen im voraus dass Sie in dem philosophischen Systeme welches ich vortrage von diesem Schwall des Formalismus nichts finden werden. Hegel se moque de ceux qui, au lieu de dire d’une chose qu’elle est longue, disent qu’elle s’étend en longueur, et parlent à tout propos et hors de propos de Magnétisme et d’Électricité.

2. ibid. « Eigentlich gehört es zur höchsten Bildung eines Volkes in seiner Sprache alles zu sprechen.

    contemporains spirituels. Il est clair que ceux qui ne voient pas la nature positive de la négation et ne peuvent penser que par des notions rigides et non dialectiques ne peuvent pas comprendre Hegel. Il leur faut d’abord acquérir cette faculté de penser autrement qu’il ne l’ont fait jusqu’ici. Cf. G. W. F. Hegel, Die Wissenschaft der Logik, Introduction, (W. III, p. 41). Das Einzige, um den wissenschaftiiehen Fortgang zu "-ewinnen und um dessenganz~’n/ae/te Einsicht sich wesentlich zu bemuhen ist, ist die Erkenntniss des logiscben Satzes, dass das Négative ebenso sehr positiv ist, oder dass das sich Widersprechende nicht in Null, in das abstracte Nichts aunôst, sondern wesentlich nur in die Negation seines ôfsoftderen Inhalts, oder dass eine solche Négation nicht alle Negation, sondern die Negation der bestimmten Sache, die sich auHost, somit bestimmte Négation ist ; dass also im Resuitate wesentlich das enthatten ist, woraus es resultirt ; was eigentlich eine Tautologie ist, denn sonst wâre es ein Unmittelbares, nicht ein Resultat. Indem das Resultierende die Negation, bestimmte Negation ist, hat sie einen Inhalt. Sie ist ein neuer Begriff, aber der hôhere, reichere Begriff ats der vorbergehende ; denn sie ist um dessen. Négation oder Entgegengesetztes reicher geworden ; enthâtt ihn atso, aber auch mehr aïs ihn, und ist die Einheit seiner und seines Entgegengesetgten. »