mentale. « Il n’y a pas plus de liberté de l’esprit qu’il n’y a de liberté de l’appareil digestif ». Aux efforts ultérieurs de la science incombera la recherche des conditions dans lesquelles apparut et se développa cette structure qui nous fait hommes, capables de représentations.
Maurice Duval. — Religion, superstition et criminalité. Paris. Alcan, 1935. In-8o de 381 pages.
Nos lecteurs ont trouvé dans le numéro de sept.-oct. 1936 une récension d’un ouvrage de M. Duval, La Poésie et le principe de transcendance. Il y a, malgré la diversité des sujets, une affinité profonde entre ces deux livres, l’adhésion enthousiaste à la doctrine bergsonienne de l’élan vital, et cette conviction que la spiritualité authentique vise à transcender sans cesse les limites provisoires de l’esprit. Nous- trouvons donc ici un problème de sociologie traité par voie surtout métaphysique, bien que l’auteur, certes, n’ignore pas les travaux des principaux sociologues et que lui-même y contribue par ce qu’il rapporte, entre autres faits, du mzaooug marocain. On pourrait dire aussi que ce livre est complémentaire de l’autre, en ce que celui sur la poésie montrait comment l’exprimé se complète par le suggéré, la notation de fait par l’inspiration idéale, tandis que celui-ci atteste comment l’esprit se mécanise et tombe dans la matière jusqu’à s’enliser dans le crime. A la nécessité d’une dialectique de transcendance fait pendant la fatalité d’une descente dans l’immanence croissante, contraire au salut.
Religion, superstition, criminalité ne comportent sans doute, d’un tel point de vue, que des définitions très larges, malaisées à serrer de près. L’auteur estime que religion et superstition dérivent d’une même origine, mais qu’on passe de la première à la seconde par transition du dynamique (l’« ouvert, » des Deux Sources.) au statique (le « clos »). Le souffle authentique de la religion s’altérant, il advient que du meilleur, qui se méconnaît lui-même, jaillit le pire cette criminalité superstitieuse contre laquelle un Voltaire jadis et ses successeurs n’ont cessé de guerroyer. C’est toute la crise du monde moderne qu’envisage ainsi, pour l’analyser et lui apporter remède, Maurice Duval, en des pages profondes et généreuses.
P. Masson-Oursel.
Aristotelian Society. — What can philosophy determine ? London, Harrison, 1936, in-8o de 335 p.
Baudin (E.). — Cours de philosophie. Morale. Paris, J. de Gigord, 1936, in-8o de 551 p.
