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Psychologie du langage[1]


La linguistique a renouvelé l’étude psychologique du langage. Les observations, à la manière d’Egger, sont fines et précieuses mais si elles précisent les variétés du langage intérieur, si elles permettent d’analyser les nuances de l’expression chez l’adulte, elles supposent, sans l’expliquer en rien, le langage, comme fait objectif en dehors de l’individu de même les observations sur les enfants, qui, du reste, ont gagné beaucoup en précision, depuis que les phonéticiens ont dégagé des faits de premier ordre qui avaient échappé aux purs psychologues la discontinuité dans la transmission du langage, et son rôle dans l’explication des changements phonétiques, l’importance des changements phonétiques chez l’enfant, etc. La pathologie a certes son utilité, mais l’état actuel de la question de l’aphasie et la révision à laquelle elle est soumise montrent clairement que les cliniciens se sont servi pour l’explication de ses symptômes de théories psychologiques très contestables, qu’ils ont ensuite retournées au psychologue accrues en autorité. On ne peut donc pas se dispenser d’avoir recours à la science du langage. Que de son côté là linguistique ait à profiter de la psychologie, cela ressort de faits frappants il y a des lois phonétiques comme l’assimilation et la dissimilation, qui s’expliquent par la constitution de la conscience l’intervention de

  1. Cet article n’est qu’un chapitre du Traité de Psychologie rédigé sous la direction de M. Dumas, et qui était en épreuves en 1914. Nous le donnons ici sans modifications ; ce qui explique que certains ouvrages tout récents, comme celui de De Saussure, n’y sont ni cités, ni utilisés. D’autre part ce chapitre n’est qu’un essai de mise au point, une sorte de revue générale des problèmes psychologiques qui touchent le langage ; c’est là sa destination évidente. Enfin il est dans le Traité, dont nous avons parlé, le complément de l’étude publiée ici même par M.  Barat ; ce qui explique suffisamment que l’on n’y trouve rien sur la psychologie ou la pathologie du langage. Une bibliographie, que nous nous dispensons de donner ici, accompagne le chapitre.