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Page:Lévy-Bruhl - Revue philosophique de la France et de l’étranger, 86.djvu/10

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supposons plus l’objet donné et nous ne nous demandons plus à quelles conditions il peut l’être, nous nous enfermons dans la conscience, et par une méthode directe nous nous proposons de suivre, en la réfléchissant, la vivante dialectique, par laquelle le sujet crée l’objet. Si, comme nous avons cru le prouver, la pensée absolue, dont nous sommes un point de vue, se reconnaît en nous comme la réalité suprême, la tentative, pour être audacieuse, n’a rien de contradictoire, ni même de paradoxal. Le monde, qu’une illusion nécessaire projette hors de nous, nous est intérieur ; il est dans la logique du système d’aller de l’esprit au monde, car l’esprit ne peut se réfléchir qu’en éclairant les déterminations successives, par lesquelles il crée le monde qu’il s’oppose.

En 188S, au moment où parut l’article Psychologie et ~/e~tphysique, la psychologie scientifique paraissait déSnitivement ` l’emporter sur la vieille psychologie spiritualîste, M. Lachelier prend l’occasion de ce conflit pour opposer la méthode intérieure, qui est la sienne, à la méthode tout extérieure qui, commune aux deux adversaires, explique le conflit et son issue. Sans doute, Victor Cousin veut que la psychologie soit tout à la fois une science distincte et l’introduction nécessaire à la métaphysique, il admet l’indépendance des faits psychiques et de leurs lois, la raison, la liberté, l’unité et l’identité du moi spirituel. Mais il accorde aux philosophes du xvm" siècle que nous ne pouvons connaître immédiatement que des faits, et c’est par l’observation et l’analyse des faits qu’il prétend atteindre des vérités qui les dépassent. « La méthode empruntée par Cousin au xvnf siècle devait nous ramener, assez logiquement peut-être, à la philosophie du xvm" sièclei. » On ne sort pas de l’expérience en s’y enfermant. Des principes a prtor :, qui non seulement s’appliquent nécessairement à tous les phénomènes, mais qui doivent nous transporter dans le monde des choses en soi, ne peuvent sans une contradiction flagrante être présentés comme des faits de conscience. Rien ne prouve que ces principes soient autre chose que des habitudes de l’espèce, auxquelles nous ne pouvons nous soustraire, des associations inséparables, qui traduisent la constance des consécutions empiriques. La liberté d’indifférence, qui détache les actes de jt. Psychologie et Métaphysique, p. i0’