parce qu’il est pensé, la pensée existe bien plus elle-même et en
quelque sorte fait exister tout le reste. La pensée n’est pas un être,
elle est l’être même. La substance inconnue, la cause suprême
n’est que la pensée, le moi dans sa puissance absolue de connaître
et de vouloir 1. Tant qu’on laisse subsister une matière étrangère
à la pensée, toute certitude est provisoire ; il y a toujours des
révoltes, des surprises possibles. Rien ne garantit que le monde
ne se soustraira pas brusquement aux lois de la conscience. La
dialectique ne laisse que l’intelligible en ne laissant que l’intelligence.
Tout étant raison, tout nous devient lumière. 11 n’y a plus
de mystère, plus d’inconnu. Le monde n’est plus un ennemi qui
peut toujours nous décevoir par quelque ruse imprévue. Le monde
exprime la pensée, parce qu’il est son œuvre et sa créature. Sans
doute les formes de la sensibilité imposent à la pensée un point de
vue particulier, la divisent, ne lui permettent de s’apercevoir que
dans des objets qui lui semblent d’abord étrangers. Mais, comme
cette diversité m~me sort de son unité, en la brisant elle doit
l’exprimer encore ; comme les idées sans nombre, qui sont le
monde même, ont toutes leur substance en elle, elles ne peuvent
l’anéantir par leurs contradictions. L’unité du monde n’est que
l’unité de la pensée qui se retrouve dans son œuvre, réunit ses
membres épars et se saisit elle-même dans son harmonie réelle,
sinon dans son unité absolue.
Ne pouvons-nous aller plus loin, trouver de cette vérité suprême, que tout vérifie, parce que tout la suppose, une démonstration directe ? Ne pouvons-nous montrer qu’elle est la condition dé la pensée, telle qu’elle s’exerce ici-bas, au même titre que la loi des causes efacientes et que la loi des causes 6nales. D’abord, par le fait seul de la réflexion sut soi et sur la nature, la pensée manifeste avec sa liberté son existence absolue. Assister an mécanisme, le regarder en soi et dans les choses, démêler ses lois simples dans les phénomènes complexes, n’est-ce pas s~en détacher, s’en aQ-ranchir, prouver qu’on est quelque chose d’autre, quelque chose de plus ? La pierre, le -végétal, l’animal même agit, ne se regardé pas agir ; l’homme se met en dehors du mécanisme par cela seul qu’il le pense. En second lieu, daM tout jugement, la pensée comme sujet l. ?t<e,XV’te6Qn :De~oo~ete !!e<yMM< !eMf-M<Me.