Page:Lévy - Stirner et Nietzsche.djvu/20

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avec le baron de Gersdorff et avec Erwin Rohde. Le 16 février 1868, Nietzsche écrit, en effet, au baron de Gersdorff : « Ici, je suis obligé de te vanter encore une fois le mérite d’un homme dont je t’ai parlé déjà dans une lettre antérieure. Si tu as envie de bien connaître le mouvement matérialiste contemporain, les sciences naturelles avec leurs théories darwinistes, leurs systèmes cosmiques, leur chambre obscure si pleine de vie, etc…, je ne vois toujours rien de plus remarquable à te recommander que l’Histoire du Matérialisme, de Friedrich-Albert Lange (Iserlohn, 1866), un livre qui donne infiniment plus que le titre ne promet, et qu’on peut regarder et parcourir toujours de nouveau comme un vrai trésor. Étant donnée la direction de tes études, je ne vois rien de meilleur à te nommer. Je me suis fermement proposé de faire la connaissance de cet homme, et je veux lui envoyer mon travail sur Démocrite, en témoignage de ma reconnaissance[1] ».

Lange ne consacre à Stirner qu’une dizaine de lignes ; mais il faut croire que ces lignes frappent le lecteur, puisqu’elles ont déterminé la conversion de J.-H. Mackay, qui est devenu depuis le disciple fanatique de Stirner. Il y a d’ailleurs dans cette courte analyse un mot qui a dû fixer l’attention de Nietzsche : Lange déclare, en effet, que Stirner peut nous rappeler Schopenhauer. « L’homme qui, dans la littérature

  1. Friedrich Nietzsche, Gesammelte Briefe, I, 68, Berlin et Leipzig, Schuster et Löffler.