Page:Lévy - Stirner et Nietzsche.djvu/46

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cadence a commencé avec Socrate et Euripide. L’histoire du christianisme tout entière n’est que l’histoire d’une longue décadence. Le dernier grand événement est la tentative d’Alexandre ; pour conquérir le monde, Alexandre a orientalisé l’hellénisme. Les deux facteurs dont le jeu détermine le rythme de l’histoire universelle sont l’hellénisme et l’orientalisme. Le christianisme est un « fragment d’antiquité orientale ». Depuis que l’influence de cette religion barbare diminue, la civilisation grecque renaît. Il y a par exemple entre Kant et les Éléates, Schopenhauer et Empédocle, Richard Wagner et Eschyle, si peu de distance et de si grandes affinités que nous ne pouvons les comparer sans être frappés du caractère relatif qu’ont toutes les notions de temps ; la science contemporaine aussi nous fait songer à la période alexandrine. La terre, qui n’a que trop subi jusqu’ici l’influence orientale, paraît désirer de nouveau les bienfaits de la civilisation hellénique. Nous sommes donc dans la période de réaction contre le mouvement d’Alexandre : Wagner est un des anti-Alexandre qui entreprennent de renouer le nœud gordien[1].

Ainsi tandis que Stirner admire dans l’histoire l’effort continu qui entraîne l’humanité vers la liberté, Nietzsche se contente d’espérer que parfois, à des intervalles très éloignés, la civilisation grecque pourra triompher de la barbarie orientale.

  1. Nietzsche, Werke, I, 515-516.