Page:L’Ère nouvelle, numéro 1, mai 1901.djvu/7

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Comme c’est son habitude le samedi soir, je trouvai Louis Lepage en manches de chemise, assis devant la table de bois noir qui lui sert de bureau et plongé dans une profonde lecture. J’avais oublié de vous dire que mon ami est un militant du socialisme révolutionnaire. Tout comme moi et depuis bien plus longtemps que moi, il est parfaitement convaincu que le prolétariat n’a rien à attendre de la société telle qu’elle est constituée et que seule une transformation radicale de cette société capitaliste et égoïste peut rendre possible l’avènement d’une humanité meilleure.

Je trouvai Lepage absorbé dans la lecture de plusieurs hebdomadaires du Parti, ou pour mieux dire des Partis, car chacun sait que le socialisme comprend un nombre très grand d’Écoles, qui le plus souvent ne s’entendent pas et qui quelquefois se disputent la direction du mouvement de l’émancipation prolétarienne, de sorte qu’on ne saurait dire parfois si c’est l’émancipation en elle-même ou la direction qu’ils ont le plus à cœur.