Page:L’Ère nouvelle, numéro 1, mai 1901.djvu/9

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— D’ailleurs continua Lepage, qui me regardait fixement maintenant comme s’il eût voulu que ses arguments se gravassent sur mon cerveau, d’ailleurs, il ne s’agit plus là d’une de ces grèves de peu d’importance, d’un de ces conflits locaux qu’une cotisation minime des travailleurs syndiqués de la même coopération pourrait soutenir de longs mois le cas échéant. Ce dont les promoteurs de la Grève générale des mineurs ne s’imprègnent pas assez, c’est qu’il s’agit par l’étendue et l’importance de la manœuvre d’arrêter ou tout au moins de paralyser le mouvement commercial et industriel de tout un pays pour amener le capital et par suite le gouvernement à capituler.

Ce serait superbe, si les capitalistes consentaient à céder, mais c’est une habitude qui leur fait malheureusement défaut. De plus, est-on bien sûr que ces messieurs ne trouveront pas dans le stock actuellement disponible le combustible qui leur est nécessaire et cela pour longtemps encore. Est-on bien sûr qu’à défaut de ce stock, ils n’auront pas recours aux pays voisins ou à l’Amérique ?

Rien à faire dans ce cas et il a été prévu par les capitalistes. Il faudrait tout d’abord s’assurer de la coopération des mineurs de l’étranger ou tout au moins, des employés affectés aux industries de transport. Est-on certain que les uns ou les autres se solidariseront avec nos mineurs ?