Page:L’Écho foutromane, 1880.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —


permis de pouvoir balbutier quelques sons, ce fut pour lui demander le prix d’une ardeur toujours plus renaissante et plus vive, et, en même temps, il se disposoit à réaliser ce que, pour la première fois, on ne voulut pas consentir d’effectuer.

Il la presse, mais elle persiste, et lui dit que telle est la loi qu’elle s’est imposée à elle-même ; elle ne veut plus partager avec les hommes une jouissance qui cependant fut longtemps son unique pensée, le seul mobile de son existence, et le seul plaisir qu’elle voulût connoître.

— Quoi ! répliqua cet amant infortuné, vous croyez me résoudre à la nécessité de penser que je vous ai connue pour ne plus revoir en vous que la plus cruelle des femmes, qui ne pourrait avoir d’autre but que celui de me sacrifier !

Non, je ne vous crois pas, vous ne sauriez être injuste à ce point. Eh ! comment aurois-je démérité ces tendres faveurs qui m’ont tant de fois élevé au-dessus des facultés humaines, lorsque je puisois dans votre sein ce plaisir si pur qui ne peut émaner que de vous seule ou du ciel ? Je ne fais point un pas dans ces bosquets délicieux, sous ces dômes de verdure, sans y rencontrer des monumens ineffaçables de nos épanchemens mutuels.