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Page:L’Écho foutromane, 1880.djvu/88

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Un fort taillis le couvre, l’environne :
Des deux piliers qu’il termine et couronne,
L’amour plaça son foyer au milieu,
D’où comme un astre il met partout le feu.
Ces piliers sont d’une forme ronde :
Les séparer est l’œuvre où l’on se fonde
Et ce travail est celui de l’amour ;
Il s’y consume et la nuit et le jour.
Mais maint obstacle, appelé pruderie,
Fausse pudeur, crainte ou coquetterie,
Rend ces piliers souvent lents à s’ouvrir,
Ou se rouvrant pour mieux se réunir,
Jusqu’au moment qu’on cède à la nature
L’amour se plaît à leur belle structure.
Ils sont, au tact, d’un poli séducteur,
L’albâtre même indique leur blancheur.

Fais, tendre Amour, qu’à mes yeux ils s’entr’ouvrent,

Que ces regards, cette main y découvrent
Ce cœur divin où tendent mes efforts :
Livre à ma flamme, à mes tendres transports,
Ce cœur, hélas ! où déjà mon cœur entre.
Va-t-il l’atteindre, et placé vers le centre,
Vers le taillis ose-t-il s’enfoncer ?
Ah ! dans ce bois, son œil fier va percer.