l’état de vos sentiments. Je n’ai jamais eu la
pensée, en me donnant à vous, de vous imposer
un joug, et je sais bien qu’un homme sait toujours
rompre une chaîne qui lui paraît trop
pesante. N’avez-vous pas toujours été indulgent
pour mes petites faiblesses qui sont vos soupapes
de sûreté, et où le cœur n’entre pour rien ?
Pourquoi donc serais-je plus exigeante à votre
égard ? Certes, je tiens à la constance de l’affection
que tout honnête homme doit garder à la
personne qu’il a choisie volontairement pour
compagne, et qui, par sa conduite, lui a constamment
donné les preuves de la délicatesse
de ses sentiments. Quant à une infidélité passagère,
provenant du tempérament, et dont des
circonstances imprévues ont été la cause, pourquoi
m’offenserai-je d’une chose dont vous
n’êtes souvent pas le maître ? Puis-je exiger
que pour moi la nature change ses lois ? Puis-je
empêcher qu’un désir vif quoique passager
pour une autre personne que moi ne s’empare
de votre imagination ? M’y opposer ne pourrait
qu’en augmenter l’ardeur. Et qu’y gagnerais-
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