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TROISIÈME ENTRETIEN

caroline.

Parce qu’une jeune fille qui est amoureuse et qui a du tempérament est capable des plus grandes folies pour satisfaire sa passion, toutes ses facultés se concentrant vers ce but unique. Ainsi, voilà Marie, qui certes est une excellente fille, courageuse, aimant sa mère, accoutumée dès son enfance à la respecter et à subir ses volontés ; cela l’a-t-il empêchée de braver sa défense pour venir me voir ? Elle avait besoin d’un conseil, d’un appui ; elle est venue, et je crois que c’est ce qu’elle avait de mieux à faire. Au point où en étaient les choses, une grosse sottise était imminente ; le mal avait fait de grands progrès, et, pour l’arrêter, ne valait-il pas mieux, dans son intérêt, la diriger, que de lui faire une morale qu’elle n’eût pas écoutée ? Je lui fis comprendre les dangers qu’elle allait courir en se jetant dans les bras d’un garçon qu’elle connaissait à peine ; je me citai comme exemple, et lui racontai mes premières déceptions ; j’écoutai ses faibles objections qui lui paraissaient concluantes, excitée qu’elle était