Page:L’Église arménienne orientale, trad. Dulaurier, 1859.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commencement. Ce n’est point parce que l’un a été chair[1] et l’autre esprit ; mais c’est le même et unique Jésus-Christ qui est chair et esprit ; chair par l’humanité qu’il a revêtue, et esprit par la divinité qu’il possédait ; le même, visible et invisible, tangible et intangible, périssable et impérissable, temporel et éternel. Fils de l’homme et Fils de Dieu, consubstantiel au Père par sa divinité et consubstantiel à nous par son humanité. N’étant point, à cause de cela, une double personne, mais restant un même être et une même personne, formé de deux natures réunies en Jésus-Christ par une union indivisible, mais sans confusion. Quoique l’esprit humain soit trop faible pour sonder ce mystère, qui est au-dessus de toute intelligence, cependant rien n’est impossible à la puissance divine. Car si l’âme et le corps sont la création de Dieu, et si ces deux entités contraires peuvent former une nature telle que ni l’une ni l’autre ne perde de son essence en s’unissant, combien plus il est possible à la toute-puissante nature divine de devenir chair et de rester immatérielle, de s’unir à notre na-

  1. Allusion à la lettre du pape Léon Ier à Flavien, écrite pendant le concile de Chalcédoine, et où les mots l’une et l’autre, se rapportant aux deux natures du Christ, avaient été rendus par le traducteur arménien par le mot womn, c’est-à-dire quelqu’un, ce qui avait fait croire aux Arméniens que le concile de Chalcédoine était retombé dans l’hérésie de Nestorius. (Voir Ire partie, p. 29 et 30.)