Page:L’Église arménienne orientale, trad. Dulaurier, 1859.djvu/83

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ténèbres et fit entrer le bon larron dans le paradis.

Comme homme, il but le vinaigre et goûta au fiel qui lui furent présentés, et, comme Dieu, il transforma l’eau en vin, et changea l’amertume en douceur[1].

Comme homme, il mourut ; comme Dieu, il ressuscitait les morts par sa toute-puissance.

Comme homme, il but le calice de la mort par sa volonté, et, comme Dieu, il vainquit la mort par sa mort.

Celui qui mourut n’est pas autre que celui qui triompha de la mort, mais c’est le même et le seul qui est à la fois mort et vivant, et vivificateur ; le seul et même Jésus-Christ, à la fois homme, d’une nature mortelle, et Dieu, d’une nature immortelle ; non partagé en deux hypostases par la division des deux natures, comme si c’était l’un qui souffrit et qui est mort, et l’autre qui était impassible et immortel. Mais formé de deux natures contraires, il éprouva dans son unité les effets de ces deux natures opposées : par la nature humaine, les souffrances et la mort imposées à l’humanité ; par la nature divine, l’impassibilité et l’immortalité. Celui qui est mort par le corps est le même qui est vivant par la divinité ; celui qui a souffert, le même qui a été impassible ; celui qui, sous l’action de la crainte, a sué le sang, le même

  1. C’est-à-dire l’amertume du fruit que mangèrent nos premiers parents.