Page:L’Église arménienne orientale, trad. Dulaurier, 1859.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Parlons d’abord du pain du saint Sacrifice, que nous et les Romains employons sans levain, et les autres Églises fermenté. Chacun, des deux côtés, tâche de justifier la coutume à laquelle il est attaché. Mais celui qui aime la vérité ne doit pas se rendre l’esclave des usages comme un ignorant, ou se justifier par des paroles vaines, employées comme un simple argument de discussion ; il faut au contraire qu’il parcoure en esprit le paradis spirituel (je veux dire les livres saints), et qu’il cherche là le fruit de la vérité, pour ensuite y goûter. Ainsi, en ce qui concerne l’institution du sacrement que nous venons de nommer, nous trouvons dans ces livres la vérité que nous cherchons. Tout le mystère de l’incarnation de Jésus-Christ, ainsi que la perfection de sa chair et de son sang, sont annoncés par les prophètes sous diverses figures et en différentes paroles. Et d’abord à la table d’Abraham, qui fut le type de la table du cénacle, le Seigneur mangea, non le pain fermenté, mais le pain azyme, comme cela résulte de ces paroles d’Abraham à Sara : « Hâte-toi de pétrir trois mesures de farine pure, et fais-en des pains cuits sous la cendre[1]. » Ce même pain, simple figure, lorsque le Verbe ne s’était pas encore incarné, il l’employa aussi lorsqu’il se fut fait chair, et, l’appelant son corps, il le partagea entre les fils d’Abraham, suivant la foi, au lieu du veau et de l’azyme

  1. Genèse, XVIII, 6.