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ÉPITRE


mai l’uniformité fatiguante du ton qui regne dans toutes les productions éphémeres de cet Auteur ; & delà je pris occaſion de parler des lettres que je publie, de faire l’éloge du ſtyle varié, découſu, & parſemé de ces deſcriptions qui ont tout le coloris du plaiſir & de la jouiſſance, ſans en avoir l’indécence, & je priai Amélie de vouloir bien en accepter la dédicace.

À moi des dédicaces, s’écria-t-elle avec cet ironique amour-propre qu’une jolie femme tient de la certitude de ſes charmes, je penſe, mon cher que vous extravaguez ? — Pardonnez-moi, charmante Amélie, n’eſt-ce pas à la Déeſſe de la beauté à qui on doit offrir un Ouvrage où ſont conſacrés les tributs que l’amour & les plaiſirs lui ont rendu ? — Mais c’eſt préciſément pour cela dit-elle en minaudant, & en ſerrant un fichu au deſſous duquel mes yeux s’étaient gliſſés, que je vous conſeille de chercher quelque autre perſonne à laquelle votre Épître puiſſe mieux convenir. Convenez à votre tour que la Déité de la jeuneſſe n’a pas autant de vivacité ni, de fraicheur