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L’ÉTOURDI.


reux qui devait partager ma couche était déjà dans le lit, & qu’il avait apparement l’uſage d’avoir de la lumiere pendant la nuit.

Dans cette idée, j’entrai dans la chambre, laiſſai la porte à demi ouverte, éteignis ma chandelle, & pris place à côté de celui qui était dans le lit. Je ne pus dormir, l’excès de la fatigue m’avait ſeulement aſſoupi. J’étais dans cet état, lorſque deux ſervantes de l’auberge qui avaient fini leurs travaux, entrerent dans la chambre ; ſans doute dans l’intention d’y paſſer le reſte de la nuit.

Le bruit qu’elles firent m’engagea à me mettre ſur mon ſéant. Leurs propos aſſez leſtes me rendirent curieux ; j’entrouvris les rideaux, & je vis deux jeunes filles qui, aſſiſes ſur un vieux ſopha, faiſaient aſſaut de dextérité du bout de leurs doigts ſur la partie d’elles-même qui pouvait leur cauſer le plus de plaiſir. L’une était déjà dans le moment du délire, & plaiſantait ſa compagne ſur ſa lenteur à y parvenir, lorſqu’il me prit fantaiſie de faire partager à mon

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