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L’ÉTOURDI.


même du fils ou de la fille d’avoir un guide dans ſon enfance, un conſeil dans ſa jeuneſſe, un conſolateur dans ſes maux, un appui, un protecteur, un ami toute ſa vie, & non un tyran. Voilà certainement quel eſt le véritable eſprit de cette autorité ſacrée qui ne reſſemble à nulle autre, qui n’eſt forte que par l’amour, & qui diſparaît quand l’amour ceſſe. Et n’eſt-ce rien pour une mere que le bonheur de ſa fille ? N’eſt-ce rien aux yeux même du public que la tendreſſe maternelle ? qu’un orgueil & qu’une ambition mal placés s’efforcent d’énerver cette obligation ſacrée. Il s’éleve un cri plus puiſſant que tous les ſophiſmes qui condamnent la dureté au moment même où l’on tente de la juſtifier. Ne point rendre malheureux ſon enfant, celui qui tient de nous la vie ; il n’eſt aucune circonſtance qui jamais puiſſe diſpenſer d’un tel devoir. Il n’eſt point de préjugé qui jamais doive étouffer un ſentiment ſi fort empreint par la nature elle-même. J’aime mieux vivre dans quelque coin inhabité de la terre, que d’épouſer un homme que je hais.

  Tome I. Partie I.
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