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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/178

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Il demanda à ces Diables pourquoi
Sans l’une de ses jambes il se trouvait là.

Ils lui répondirent qu’ayant été pécheur,
Pour cela dans la Maison du Diable il se trouvait,
Mais que sa jambe, ayant fait je ne sais quoi
De bon, avait mérité le Paradis.

On lui dit qu’avec elle à un chameau
Il avait donné à manger, et que cette bonne action
Faisait que sa jambe fût allée au Ciel.

Puisqu’il en est ainsi, je dis que la femme
Qui donnera à manger à notre oiseau,
Ira en enfer, mais au Ciel ira sa moniche.

SUR LE MÊME SUJET

Pour ce même motif, pour lequel
Les moniches iront toutes en Paradis,
Et seront là à se regarder face à face,
Pour ce même motif iront au Ciel tous les vits.

Prêtres et Moines y seront aussi, mal à l’aise,
Bien qu’ils aient supporté la bure grise,
Parce qu’alors le cas leur sera coupé,
Et jeté au fond de l’infernale barathre.

Les Nonnes, elles aussi, iront au Ciel ;
Mais toutes sans moniche, parce que jamais
Elles ne donnent à manger à notre oiseau.

Je conseille donc à tous ces affamés,