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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/197

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Puisque je n’ai rien au dehors
Qui puisse me troubler l’esprit ;
Je me parle et je me réponds tout de suite.

Je n’ai aucune certitude touchant
L’existence du ciel, de la terre, ni de personne ;
Que seul j’existe, voilà ce que je sais.

Mais cette idée dans un cas me coïonne ;
Et savez-vous quand je crois que nous sommes deux ?
C’est quand je suis le cas dans la moniche.


LA MONICHE ENLÈVE TOUTE PRÉOCCUPATION

Tel dit que ce monde n’est qu’une combinaison
Accidentelle, et que l’âme meurt ;
Tel croit encore vraiment à tous les Dieux,
Tel a deux principes, l’un mauvais, l’autre bon ;

Tel a dévotion pour le Messie non encore né,
Tel estime Calvin, tel honore Luther,
Tel adore le Soleil, tel les plantes, les éléments,
Tel veut Mahomet, et tel l’incarnation ;

Tel admet le système de Pythagore,
Tel, suivant ce troisième, se fait un animal ;
Tel n’admet pas les causes secondes.

Mais le Baffo, qui ne s’arrête pas à ces foutaises,
Pour sortir d’embarras à l’instant nie le tout,
Et glorieux, triomphant, s’en va dans la moniche.