Nous coulons de la sorte des jours heureux,
Puisqu’en versifiant toujours nous chantons.
Par une même route ensemble nous allons,
Mais avec cette différence, que vous mettez
Des frisettes à vos poétiques caprices,
Et que j’écris les miens comme nous parlons.
Votre muse est une Gentilfemme,
La mienne est une gaupe vénitienne
Qui parle franc et va vêtue à la sans-gêne.
Il faut de tout dans la vie humaine ;
La matrone, il est vrai, est nécessaire,
Mais a du bon aussi quelquefois la putain.
AU SUSDIT ABBÉ FRUGONI
Croyant que vous étiez mort à l’improviste,
Puisque je ne vous trouvais en aucun recoin,
J’ai mis des ailes à ma pensée,
Et je suis allé vous chercher en Paradis.
Aux gens qui sont là, le rire sur les lèvres,
J’ai demandé s’ils avaient vu votre museau,
Mais tous autant qu’ils sont, sans plus y songer,
M’ont affirmé que vous n’étiez pas là.
Je suis alors descendu au Purgatoire,
Et ne pouvant non plus vous y trouver,
Au logis du Diable suis allé tout de suite,
Où Pluton me dit : « Regarde par ici ; »