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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/253

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Et que quand on croit avoir fait quelque bien,
On s’aperçoit avoir fait une sottise.
À quoi bon avoir foi
En l’existence d’un être bon, sage et puissant,
Quand il y a dans le monde tant de maux ?
Je vois un Tout-Puissant
Qui extermine et ruine celui-ci et cet autre,
Qui détient un innocent dans un cachot ;
Je vois tomber du ciel
Un coup de foudre qui tue en un moment
Aussi bien un honnête homme qu’un gredin.
Comment est-il l’ami
De ses créatures, quand il laisse
Un tremblement de terre renverser une ville,
Et tant de gens périr,
Et rester ensevelis sous les ruines,
Aussi bien femmes pudiques que gourgandines ?
Ces pauvres créatures,
Quand il peut les sauver, et n’en fait rien,
En quoi consiste sa grande bonté ?
S’il ne possède pas
Une force qui soit à cela suffisante,
Où donc est sa grande puissance ?
Si une intelligence
Existe là-haut, mais je n’en sais rien, pauvret,
Elle ne pense pas une pine de l’homme,
Et si au monde
N’existait pas ce grand bonheur de la Moniche,
Notre vie serait une bougresse de vie.


DÉFINITION DU PLAISIR DES SAINTS

Mes méditations consistent à penser
Au plaisir que peuvent goûter les Saints au Ciel,