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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/293

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


» Comment font-ils pour résister à ce train-là,
» Et rester gras comme porcs, avec de gros bedons ?
» Qu’en dis-tu ? — Tu n’as point de cervelle ;

» La messe seule et la pitance
» Qu’ils dérobent, sans en compter la rente,
» Suffisent à entretenir la putain, et il leur en reste ».


SUR LA SANTINA SCHIAVONA

N’amène pas si grand concours une Indulgence
Qui nous absout de peine et de péché,
Que la Santina n’a de monde autour d’elle,
En adoration devant ses tétons.

Elle a eu sur la Piazza la première audience,
On a de toutes parts abandonné la Redoute,
Et maintes femmes s’en sont données au Diable,
D’être restées sans leur cavalier servant.

J’en ai entendu une, poussée par la rage,
Dire, toute pleine de venin et de mépris
« N’en aurons-nous pas, nous aussi, notre part ?

» Boutez-vous la sur le cul, quand vous la tenez ;
» Quand une marchandise se voit en étalage,
» On peut y toucher en débattant le prix. »