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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/99

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

À tenir seulement en bride la nature,
Si malgré lui j’emplis le cœur, la main et le sein ?

Quand le désir ne connaît plus de bornes,
La femme, je vous le jure, ouvre tout cadenas,
Au risque de briser la serrure.


AUX DAMES VÉNITIENNES

Toutes ces dames d’ici, qui ont du brio
De la jeunesse, de la beauté, de la prestance,
Coquettent avec le Duc, en public et en cachette,
Pour lui montrer leurs moniches et leurs derrières.

Elles tâchent d’éveiller chez lui le grand désir
D’une douce et lascive conjonction,
Parce que c’est un Duc valeureux et bon,
Qui veut avoir toujours l’oiseau dans le nid.

Partout elles le cherchent et l’adorent,
Comme une fameuse et illustre Altesse,
Et parce qu’il sème partout des diamants.

Comme les autres, cette dame chargée de brillants,
Je l’excuse, car moi qui suis dans la misère,
J’accepterais une brillante bulgarade.

AUX MÊMES

Arrivé à Venise, le Duc a mis ces Dames,
Toutes tant qu’elles sont, en allégresse ;