Page:L’Anarchie passive et le comte Léon Tolstoï.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
L’ANARCHIE PASSIVE

porte essentiellement une lutte intérieure continue et l’incessant sacrifice de nos passions, de nos tendances égoïstes, de nos désirs et besoins physiques.

Dans tout son livre, le comte Tolstoï ne dit pas un mot de la résistance au mal qui agit en nous-mêmes : et pourtant s’il avait touché à cette question, il lui aurait été impossible, je crois, de prêcher la dissolution du milieu social, parce que l’importance de la vie sociale pour le développement psychique de l’homme est trop évidente, — elle saute aux yeux. Le milieu social est nécessaire à l’homme, moins comme un moyen de défense physique, que comme un champ illimité ouvert à la circulation, à la lutte, au contrôle mutuel des idées. Nous avons vu que chaque homme ne peut pas se fier directement aux données de sa conscience, qu’au contraire chacun de nous doit contrôler, vérifier les données de sa conscience individuelle par les données de la conscience des autres hommes. Et ce contrôle s’impose non seulement pour les impressions de nos sens, mais encore et surtout pour les jugements, les conclusions de la pensée logique.