Page:L’Anarchie passive et le comte Léon Tolstoï.djvu/142

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prendre à vivre, jusqu’à un certain degré, pour les idées transcendantales, pour les idéals, et par conséquent elle a appris aussi à régler ses rapports, ses querelles respectives par des lois qui ne représentent que la somme des idées, comprises et assimilées par la majorité d’un peuple et acceptées par elle comme les fondements de sa vie sociale.

La différence des peuples païens et des peuples chrétiens consiste justement en ce que les derniers ont une tendance croissante à se discipliner, à se gouverner mutuellement par des idées transcendantales de justice, de fraternité, d’altruisme, etc., tandis que les premiers se fondaient en tout sur la force physique, et par conséquent une victoire d’ordre physique décidait toutes les disputes : le vainqueur avait toujours raison. Et comme le développement de l’humanité s’accomplit très lentement et progressivement, le monde chrétien conserva longtemps les habitudes primitives et la même tendance à se laisser régler et déterminer par les faits de la force brutale : de là des combats, des duels, des épreuves par le feu, etc., pour décider les questions de