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Page:L’Année politique - 1877.djvu/160

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quels il était tombé d’accord avec moi qu’aucune modification ne devait être admise.

Après ces deux tentatives, également dénuées de succès, je ne pourrais faire un pas de plus dans la même voie sans faire appel ou demander appui à une autre frac­tion du parti républicain, celle qui croit que la République ne peut s’affermir sans avoir pour complément et pour conséquence la modification radicale de toutes nos grandes institutions administratives, judiciaires, financières et militaires.

Ce programme est bien connu, ceux qui le professent sont d’accord sur tout ce qu’il contient. Ils ne diffèrent entre eux que sur les moyens à employer et le temps opportun pour l’appliquer.

Ni ma conscience, ni mon patriotisme ne me per­mettent de m’associer, même de loin et pour l’avenir, au triomphe de ces idées. Je ne les crois opportunes ni pour aujourd’hui ni pour demain. A quelque époque qu’elles dussent prévaloir, elle n’engendreraient que le désordre et l’abaissement de la France. Je ne veux ni en tenter l’application moi-même, ni en faciliter l’essai à mes successeurs. Tant que je serai dépositaire du pouvoir j’en ferai usage dans toute l’étendue de ses limites légales, pour m’opposer à ce que je regarde comme la perte de mon pays.

Mais je suis convaincu que ce pays pense comme moi. Ce n’est pas le triomphe de ces théories qu’il a voulu aux élections dernières. Ce n’est pas ce que lui ont annoncé ceux qui étaient presque tous les candidats qui se prévalaient de mon nom et se déclaraient résolus à soutenir mon pouvoir. S’il était interrogé de nouveau et de manière à prévenir tout malentendu, il repousserait, j’en suis sûr, cette confusion.

J’ai donc du choisir, et c’était mon droit constitutionnel, des conseillers qui pensent comme moi sur ce point qui est en réalité le seul en question. Je n’en reste pas moins, aujourd’hui comme hier, fermement résolu à respecter et à maintenir des institutions qui sont l’œuvre de l’assemblée de qui je tiens le pouvoir et qui ont constitué la république.

Jusqu’en 1880 je suis le seul qui pourrait proposer d’y introduire un changement et ne médite rien de ce genre.