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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/122

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ROLAND FURIEUX.

pour elle, il se tenait à l’écart, attentif à tout ce qui venait de se passer.

Le roi le pria de dire son nom ou de se laisser voir au moins à découvert, afin qu’il pût le remercier et lui offrir la récompense que méritait sa bonne intention. Celui-ci, après qu’on l’eut prié longuement, ôta son casque et se montra en plein jour. Je vous dirai qui il était dans le chant qui va suivre, s’il vous est agréable de l’entendre.

CHANT VI


Argument. — On reconnaît que le chevalier inconnu est Ariodant, l’amant de Ginevra. Le roi la lui donne pour femme et pardonne à Dalinda. — Roger est porté par l’hippogriffe dans l’île d’Alcine, où Astolphe, cousin de Bradamante, changé en myrte, lui conseille de ne pas aller plus avant. Roger veut s’éloigner de l’île ; divers monstres s’opposent en vain à sa fuite ; mais surviennent plusieurs nymphes qui le font changer de résolution.



Malheur à celui qui, faisant le mal, s’imagine que son crime restera toujours caché ! Alors que tous le tairaient, l’air et la terre elle-même où est ensevelie sa victime le crieraient tout autour de lui. Et Dieu fait souvent que le péché pousse le pécheur à le rendre lui-même fortuitement manifeste, sans qu’il en soit accusé par personne, ou après qu’il en a été absous.

Le misérable Polinesso avait cru cacher à tout