Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/57

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demeure avare qui tient caché si riche trésor. Et cette fatigue ne sera pas vaine, si la fortune ne m’est pas trop ennemie. »

Le chevalier répondit : « Tu veux que je passe de nouveau les monts et que je te montre le chemin. Il ne m’en coûte pas beaucoup de perdre mes pas, ayant perdu ce qui faisait tout mon bien. Mais toi, à travers les précipices et les rochers écroulés, tu cherches à entrer en prison ! qu’il en soit ainsi. Tu n’auras pas à t’en prendre à moi, puisque je te le prédis, et que cependant tu veux y aller. »

Ainsi dit-il, et il retourne à son destrier, et se fait le guide de cette guerrière pleine d’ardeur à affronter les périls pour Roger, et qui ne pense qu’à être à son tour faite prisonnière par le magicien, ou à le tuer. Sur ces entrefaites, voici derrière ses épaules un messager qui, à toute voix, lui crie : Attends, attends ! Ce messager, c’était celui duquel le Circassien apprit le nom de celle qui l’avait étendu sur l’herbe.

À Bradamante il apporte la nouvelle que Montpellier et Narbonne ont levé les étendards de Castille, ainsi que tout le littoral d’Aigues-Mortes, et que Marseille, privée de celle qui devait la défendre, s’inquiète et, par ce message, lui demande conseil et secours, et se recommande à elle.

Cette cité, et le pays tout autour à plusieurs milles, c’est-à-dire celui qui est compris entre le Var, le Rhône et la mer, l’empereur les avait donnés à la fille du duc Aymon, dans laquelle il avait