Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ugo, les deux Henri, le fils à côté du père ; tous deux guelfes, dont l’un subjugue l’Ombrie et revêt le manteau ducal de Spolète. Voici celui qui essuie le sang et les grandes plaies de l’Italie affligée, et change sa plainte en rire ; je parle de celui — et elle lui montre Azzo V — par lequel Ezelin sera vaincu, pris, anéanti.

« Ezelin, tyran très inhumain, qui sera réputé fils du démon, fera, égorgeant ses sujets et détruisant le beau pays d’Ausonie, un tel ravage, qu’auprès de lui passeront pour accessibles à la pitié, Marius, Sylla, Néron, Caius et Antoine. Et l’empereur Frédéric second sera, par cet Azzo, vaincu et mis à bas.

« Celui-ci, sous le règne le plus heureux, tiendra la belle terre qui est assise sur le fleuve où Phébus, de sa lyre plaintive, appelait le fils qui avait mal dirigé le char de la lumière, alors que fut pleuré l’ambre dont parle la fable, et que le Cygne se revêtit de plumes blanches. Et elle lui sera donnée par le Siège apostolique en récompense de mille services.

« Dois-je passer sous silence son frère Aldobrandino ? Voulant venir au secours du Pontife contre Othon IV et le camp gibelin, — qui étaient parvenus presque au Capitole et s’étaient emparés de tout le pays voisin, portant leurs ravages chez les Ombriens et les Pisantins, — et ne pouvant lui donner son aide sans avoir beaucoup d’argent, il en demandera à Florence.

« Et, n’ayant pas de bijoux ou d’autre gage