Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/156

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là, il pénètre au cœur de l’armée maure, sans avoir été vu ni entendu.

À peine arrivé dans le camp des infidèles, Renaud lombe à l’improviste sur la garde dont il fait un tel carnage que pas un homme n’échappe à la mort. Cette première troupe exterminée, les Sarrasins n’ont plus la partie belle, car, pleins de sommeil, inertes et effarés, ils ne peuvent faire que peu de résistance à de tels guerriers.

Pour augmenter l’épouvante des Sarrasins, Renaud, dès le commencement de l’attaque, fait soudain souffler dans les trompes et les cornets, et crier à haute voix son nom. Il éperonne Bayard qui n’est pas lent à lui obéir ; d’un bond, il franchit la barrière élevée, renverse les cavaliers, foule aux pieds les fantassins, et abat les baraques et les tentes.

Les plus hardis, parmi les païens, s’arrachent les cheveux quand ils entendent résonner dans les airs les noms redoutés de Renaud et Montauban. Les Espagnols fuient pêle-mêle avec les Africains, sans perdre de temps à charger les bêtes de somme. Aucun n’est d’avis d’attendre une telle furie dont ils ont déjà, à leur grand dam, éprouvé les effets.

Guidon suit Renaud et ne fait pas moins que lui. Les deux fils d’Olivier les imitent, ainsi qu’Alard, Richardet et les deux autres frères. Sansonnet s’ouvre un chemin avec son épée. Aldigier et Vivien font éprouver leur vaillance à bon nombre d’ennemis. Tous ceux qui suivent l’étendard