Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/162

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Et elle fit si bien, qu’il se hâta de porter secours à son amant ; celui-ci était retenu sous l’eau par son destrier et était sur le point de perdre la vie, ayant bu beaucoup d’eau sans la moindre soif. Toutefois, Rodomont ne le tira d’embarras qu’après lui avoir pris son épée et son casque. II.le sortit ensuite de l’eau, et le fit transporter dans la tour, où se trouvaient déjà beaucoup d’autres prisonniers.

La dame sentit toute sa joie tomber, quand elle vit son amant s’en aller prisonnier. Cependant, elle préférait cela à le voir périr dans le fleuve. Elle s’adressait à elle-même toute sorte de reproches. C’était elle en effet qui avait fait venir son amant en lui racontant qu’elle avait reconnu le comte sur le pont si dangereux.

Enfin elle part, ayant déjà conçu la pensée de mener en ces lieux le paladin Renaud, ou Guidon le sauvage, ou Sansonnet, ou tout autre chevalier illustre de la cour du fils de Pépin, capable de lutter avec le Sarrasin sur la terre et sur l’eau. Elle espère que ce nouveau champion sera sinon plus fort, du moins plus heureux que son cher Brandimart.

Elle marche pendant plusieurs jours avant de rencontrer un chevalier tel qu’elle le voulait pour combattre contre le Sarrasin et délivrer son amant. Après avoir longtemps cherché quelqu’un qui convînt à cette besogne, elle rencontra un chevalier à la soubreveste riche et ornée, toute brodée de troncs de cyprès.