Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/187

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pourra se loger bien ou mal ; car quelque mal que l’on soit logé, on ne risque jamais d’être plus mal qu’en plein air, exposé à la pluie.

Le berger lui dit : « Je ne connais aucun endroit que je puisse vous indiquer, sinon à quatre ou six lieues plus loin, un château qui s’appelle la Roche Tristan. Mais il n’est pas donné à tout le monde d’y loger, car le chevalier qui désire y prendre logement doit le conquérir la lance à la main, et le défendre contre tout nouveau venu.

« Si, quand il arrive un chevalier, la place se trouve vide, le châtelain le reçoit ; mais il lui fait promettre que, s’il survient un nouvel arrivant, il sortira pour jouter avec lui ; si personne ne vient, il n’a point à se déranger, mais si quelqu’un se présente, force lui est de reprendre ses armes et de combattre. Celui des deux qui est vaincu cède sa place à l’autre, et va coucher sous le ciel serein.

« Si deux, trois, quatre guerriers, ou un plus grand nombre, arrivent ensemble les premiers, ils reçoivent paisiblement l’hospitalité. Mais quiconque vient seul ensuite, trouve un tout autre accueil, car ceux qui sont déjà installés lui donnent une plus rude besogne. De même, si un seul chevalier a reçu d’abord l’hospitalité, les deux, les trois, les quatre et tous les autres qui viennent après, le forcent à combattre contre chacun d’eux ; de sorte que s’il a du courage, cela lui est d’un grand secours.

« Ce n’est pas tout ; si une dame ou une damoi-