Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/202

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luttes, peu de gain et des dommages infinis, car il n’était pas permis au lys de prendre racine sur ce terrain.

« Le roi Pharamond ajouta une telle foi à cet avis, qu’il dirigea son armée ailleurs. Quant à Merlin, qui avait vu les guerres à venir comme si elles avaient déjà existé, il consentit, sur les prières du roi, à construire cette salle où, par ses enchantements, il fit peindre, comme s’ils s’étaient déjà accomplis, tous les gestes futurs des Français,

« Afin que les successeurs de Pharamond comprissent que la victoire et l’honneur leur appartiendraient toutes les fois qu’ils prendraient la défense de l’Italie contre les autres peuples barbares, mais qu’au contraire, s’il advenait qu’ils descendissent des Alpes pour la ravager, lui imposer leur joug, ou s’en faire les maîtres, ils trouveraient au delà des monts un sépulcre béant. »

Ainsi parla le châtelain ; puis il conduisit les dames à l’endroit de la salle où commençaient les histoires ; il leur fait voir Sigisbert qui se met en campagne, attiré par les trésors que lui offre l’empereur Maurice. « Le voici qui descend du mont Jura dans les plaines ouvertes du Lambrot et du Tessin. Voyez Eutaris, qui non seulement le repousse, mais le met en fuite après l’avoir taillé en pièces et vaincu.

« Voyez Clovis qui fait passer les monts à plus de cent mille hommes ; voyez le duc de Bénévent qui, avec des forces inférieures, vient à sa rencontre, et qui lui tend un piège en feignant d’a-