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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/46

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monde ; l’intrépide physionomie de Marphise, celle du roi de Circassie à nulle autre seconde, forcèrent le roi de France à regagner Paris aux cris de : Saint Jean et saint Denis !

Ces chevaliers et Màrphise déployèrent un élan si invincible, une si admirable puissance, qu’on ne saurait s’en faire une idée, seigneur, loin que cela se puisse décrire. Par là, vous pouvez Juger combien de gens furent occis dans cette journée, et quel cruel revers éprouva le roi Charles, d’autant plus que vinrent bientôt à la rescousse Ferragus et plus d’un Maure fameux.

Beaucoup de chrétiens, dans leur empressement à fuir, se noyèrent dans la Seine, car le pont ne pouvait suffire à faire passer une telle multitude. Ayant la mort devant et derrière eux, ils souhaitaient d’avoir des ailes comme Icare. Excepté Ogier et le marquis de Vienne, tous les paladins furent faits prisonniers. Olivier revint blessé sous l’épaule droite ; Ogier, la tête fendue.

Et si, comme Renaud et Roland, Brandimart eût abandonné la partie, Charles, en pleine déroute, aurait été chassé de Paris, si même il avait pu sortir vivant de cette fournaise. Brandimart fit tout son possible pour arrêter les Sarrasins, et quand il se vit impuissant, il céda devant leur furie. Ainsi la Fortune sourit à Agramant qui assiégea Charles une seconde fois.

1 L’es cris et les plaintes des veuves, des enfants orphelins, des vieillards aveugles, s’élevant au-dessus de cette atmosphère morbide, montent jus-