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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/55

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Si plusieurs des assistants ne s’étaient interposés entre ces furieux, et cela un peu trop sans réfléchir, car ils apprirent à leurs dépens ce qu’il en coûte de s’exposer pour sauver les autres. Le monde entier n’aurait pas séparé les combattants, si le fils du fameux Trojan n’était venu, accompagné du roi d’Espagne. À leur aspect, tous s’inclinèrent avec un profond respect.

Agramant se fit exposer la cause de cette nouvelle et si ardente querelle. Puis il s’efforça de faire consentir Gradasse à ce que Mandricard se servît, pour cette journée seulement, de l’épée d’Hector, et jusqu’à ce qu’il eût vidé son grave différend avec Rodomont.

Pendant que le roi Agramant s’étudie à les apaiser, et raisonne tantôt l’un, tantôt l’autre, le bruit d’une nouvelle altercation entre Sacripant et Rodomont s’élève de l’autre tente. Le roi de Circassie, comme il a été dit plus haut, assistait Rodomont. Aidé de Ferragus, il lui avait endossé les armes de son aïeul Nemrod.

Puis ils étaient venus tous ensemble à l’endroit où le destrier mordait son riche frein qu’il couvrait d’écume. Je parle du bon Frontin, au sujet duquel Roger s’était mis si fort en colère. Sacripant, à qui avait été commis le soin d’amener en champ clos un tel chevalier, avait regardé avec soin si le destrier était bien ferré, et s’il était harnaché convenablement.

L’ayant examiné plus attentivement, certains signes particuliers, ses allures sveltes et dégagées,