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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/57

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et dont aucun guerrier.de l’antiquité n’égala la force et le courage, répondit : « .Sacripant, tout autre que toi qui oserait me parler de la sorte s’apercevrait bien vite à ses dépens qu’il eût mieux valu pour lui naître muet.

« Mais eu égard à la camaraderie qui, comme tu l’as dit, s’est établie depuis peu entre nous, je me contente de t’avertir de remettre à plus tard cette entreprise, jusqu’à ce que tu aies vu le résultat de la bataille qui va se livrer tout à l’heure entre le Tartare et moi. J’espère, grâce à l’exemple que tu en recevras, que tu me diras de bon cœur : Garde le destrier. »

« C’est peine perdue que d’être courtois avec toi — dit le Circassien plein de colère et de dédain — Mais je te dis maintenant plus clair et plus net que tu n’aies plus à compter sur ce destrier.. Je t’en empêcherai, moi, tant que ma main pourra soutenir.mon épée vengeresse. Et j’y emploierai jusqu’aux ongles et jusqu’aux dents, si je ne peux, l’empêcher autrement. »

Des paroles, ils en vinrent aux injures, aux cris, aux menaces, à la bataille, qui, excitée par la colère, s’alluma plus vite que la paille ne s’enflamme au contact du feu. Rodomont avait son haubert et tout le reste de ses armes ; Sacripant n’avait ni. cuirasse ni cotte de mailles, mais il s’escrimait si bien de son épée, qu’il s’en couvrait tout entier.

La puissance et la férocité de Rodomont, bien qu’infinies, étaient tenues en échec par.le coup d’œil et la dextérité qui doublaient les forces de