Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/8

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de proie à l’avide hirondelle qui se précipite sur elles, vous vous imaginerez facilement ce que devaient être Roger et Marphise parmi ces gens.

Richardet et son cousin ne partageaient pas leurs coups entre les deux troupes ; laissant de côté les Sarrasins, ils ne prenaient garde qu’à ceux de Mayence. Le frère du paladin Renaud joignait une grande force à un grand courage, et la haine qu’il portait aux Mayençais redoublait, en cette circonstance, sa vigueur et son énergie.

Une même haine fait du bâtard de Beuves un lion féroce. De son épée, à laquelle il ne laisse pas une minute de repos, il fend les casques ou les brise comme un œuf. Mais qui donc n’aurait pas senti doubler son audace, qui donc n’aurait pas montré le courage d’Hector, ayant pour compagnons Roger et Marphise, l’élite et la fleur des guerriers ?

Marphise, tout en combattant, jetait souvent les yeux sur ses compagnons ; en voyant les preuves de leur force, elle s’étonnait et s’en réjouissait. Mais ce qui la stupéfiait le plus, et lui paraissait sans égal au monde, c’était la vaillance de Roger. Parfois elle croyait que c’était Mars lui-même descendu du cinquième ciel en cet endroit.

Elle admirait les coups horribles qu’il portait ; elle s’étonnait de ce qu’ils ne tombaient jamais en vain. Il lui semblait que, contre Balisarde, le fer était du carton et non un dur métal. L’épée terrible partageait les cuirasses épaisses, fendait les cavaliers jusqu’à la croupe du cheval, et les