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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/116

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

pour ne pas rencontrer cette supériorité, elle en était arrivée à ne choisir ses amants que parmi des hommes inférieurs, soit moralement, soit socialement.

Elle ignorait que dans l’amour le vrai bonheur est fait de l’égalité des amants, et cela l’avait menée à d’étranges aventures.

Un petit employé de commerce, auquel elle avait acheté, dans un magasin, des articles de lingerie, s’était épris d’un amour insensé pour elle. Elle le comprit, elle revint souvent dans ce magasin et le récompensa de quelques regards. Il lui écrivit de longues lettres éperdues dans un style comique de lyrisme suranné. Mais ces lettres, où elle était comparée à une divinité, au lieu de la faire rire, lui procurèrent une douce émotion.

Elle s’arrangea pour que le petit employé vînt chez elle porter une commande, et elle fut sa maîtresse, à cause de l’immense volupté que lui procurait le sentiment de la domination absolue.

Jules V…, qui aimait une actrice du Vaudeville au caractère particulièrement susceptible et irascible, m’a raconté que lorsque celle-ci s’emportait contre lui, soit sans motif, soit à cause d’une trahison supposée, il ne répondait nullement à ses reproches, n’écoutait même pas ce qu’elle disait.