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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/13

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

ans qui avait les cheveux longs et qui était poète. Le baiser qu’il me donna une fois, en valsant, me révéla quelle étonnante cause de plaisir il y a dans nos lèvres et combien ce plaisir est communicatif au reste de l’être.

Je remarquai que mes premiers rêves avaient un caractère commun. C’est la force intellectuelle, l’activité de l’esprit qui avaient du prestige sur moi, plus qu’un visage régulier ou que des paroles flatteuses. J’ai toujours conservé par la suite cette manière de choisir, et je dois dire qu’elle m’a attiré bien des déceptions, car il y a une foule d’hommes qui affectent l’intelligence par des procédés de conversation pour ne laisser éclater qu’un peu plus tard une grossière stupidité, tandis qu’au contraire les hommes vraiment intelligents — et ils sont fort rares — sont, au premier abord, silencieux, quelquefois impolis, souvent médiocres.

Ce que ma curiosité m’a toujours poussée à rechercher naturellement, et cela dès que j’ai ressenti pour la première fois le trouble de l’amour, c’est le fond même de cet amour, le pourquoi des sentiments qui m’animaient, la raison qui poussait un jeune homme à désirer s’approcher de moi plutôt que d’une autre jeune fille, à me manifester sa sympathie, à vouloir m’embrasser.