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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/18

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

semble avoir engourdi les choses ; elle les a plongées dans le néant ; elle empêche l’exaltation de la pensée, elle annihile tout autre sentiment, sauf celui de la peur. Elle est pareille à une nuit d’amour sans volupté.

Dans l’art de la peinture, il y a ce qu’on appelle envelopper d’air le tableau. Cet air, c’est le subtil élément qui donne la vie et l’expression au sujet qu’on représente.

Si on n’enveloppe pas l’amour dans cette atmosphère, dans cette lumineuse buée, il ne vit pas, il s’agite vainement et meurt avec la sensation qu’il a provoquée.

Beaucoup de gens déclarent que seul l’amour sentimental est supérieur et trouvent bestial l’amour physique. C’est qu’ils ignorent cet apport de l’âme qu’est la volupté, ce lien délicat entre l’esprit et les sens.

Mais il est indéfinissable, intraduisible. Il se manifeste par une chaleur du sang communicative, qui imprègne l’être qu’on aime et l’anime du même désir ; il établit une communion étroite entre l’homme et la femme et même, s’ils étaient des inconnus jusqu’alors, il les lie bien plus que des serments et bien plus qu’une vraie tendresse.