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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/20

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

comme un artiste délicat, comme un créateur de frémissements qui, de ses mains, de ses lèvres, de tout son être, nous jette dans le merveilleux domaine électrique.

Nous savons que le résultat rêvé est atteint par le détachement de nous-mêmes qui nous rend tout d’un coup pareilles à des oiseaux dans l’espace, qui nous jette dans le vide, nous faisant apparaître brusquement, soit un paysage, soit un visage, une rue avec des voitures, un intérieur vu autrefois comme si notre cerveau avait besoin d’un point de repère terrestre.

Combien ce libérateur de notre imagination, cet admirable double de nos sens doit être aimé et précieusement conservé !

La moitié de la volupté a une cause purement physique. Il y a des êtres qui sont créés pour l’amour ; il y en a qui sont doués pour mieux recevoir les caresses ; d’autres, pour mieux les donner. La volupté vient d’une intime concordance et l’auréole qui entoure un homme qui a du succès auprès des femmes vient presque toujours de ce que toutes sentent avec leurs nerfs que c’est dans ses bras qu’elles obtiendront la jouissance la plus profonde, la plus raffinée, la plus douloureusement étroite.