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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/206

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

X…, ayant eu toute sa vie pour maîtresses des ouvrières ou même des filles de la rue, devint un jour l’amant d’une actrice de l’Opéra-Comique qu’il retint par sa dureté de caractère et l’ascendant qu’il avait pris sur elle.

Au lieu d’avoir de la reconnaissance pour la seule femme agréable qui eût traversé sa vie, il disait couramment :

— Je n’ai pas de jouissance plus grande que de pouvoir me dire, quand je vois ma maîtresse chanter au théâtre et quand j’entends les applaudissements qui la saluent, que j’ai pu obliger cette créature choisie et artiste à balayer ma chambre et à faire mon lit.

Cette espèce d’hommes est la plus méprisable de toutes. On ne peut en attendre que des bassesses et des lâchetés.

Mais il y a aussi des hommes qui ont besoin d’être humiliés. Ils le désirent, ils aspirent à abdiquer toute dignité, à être durement asservis. Le pouvoir de beaucoup de femmes âgées et laides ne s’explique que par la tyrannie injurieuse qu’elles exercent constamment à l’égard de leur amant.

La femme rosse ne suscite tant de désirs que parce que cette sorte d’hommes sent en elle la possibilité de l’avilissement recherché.