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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/274

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L’AMOUR ET LES POISONS

On aurait pu répondre à Irène que dans une telle situation le même effet pouvait se produire sans que l’on prenne d’éther et que c’était même ce qui arrivait en général.

Mais Irène était un être déplorablement froid par nature et c’est ce qui l’a poussée à abuser de l’éther et de la cocaïne, qui eurent sur elle une déplorable action et la vieillirent avant l’âge.

Je l’avais connue fraîche, les yeux clairs, pleine d’activité et de vie. Après l’avoir perdue de vue quelque temps, je la retrouvai, séchée, jaunie, lassée de tout, avec seulement dans les yeux un petit éclair brillant qui était la trace du désir qui veillait toujours en elle.

Car tout excès dans cet ordre est néfaste. C’est en nous-même qu’est la plus grande caresse. La plus magique sensualité est celle que notre imagination fait naître par l’évocation d’un souvenir, une pensée que l’on ajoute à la réalité. Nous ne croyons pas être maîtresse de cette puissance inconnue et cependant par notre volonté nous pouvons tarir en nous le désir ou l’éveiller à notre gré.

Mais ce qu’il y a de plus doux est de s’abandonner à ce mystère imprévu qui fait jaillir la volupté de nous comme une étincelle jaillit d’une pierre par un choc. C’est folie de fixer une certaine